Sur la route...

Enfin  ! ! !























































































































Les enfants et leurs animateurs ouvrent les desseins
offerts par les enfants français
qui suivent régulièrement ce projet !















Un portrait se moi, réalisé à main levée par l'un des enfants séropositifs Roumains























































Photos de Ludovic Zahed © 2008 | All right reserved
Because AIDS orphans and HIV+ children deserve to laugh and be loved like any other child !


Les textes de ce blog, retravaillés,

sont désormais disponibles aux éditions l'harmattan (cliquez ici)






        EUROPE . . .


                Quitter la France

                        pour un autre monde



    Nous sommes le lundi 15 Septembre 2008. Je quittes enfin Paris, ses parapluies et sa célèbre grisaille. Aujourd'hui ppourtant il fait un temps idéal, le ciel est bleu, le soleil brille et la température est agréable. Après des mois de préparation et de travail afin de monter ce projet qui s’est voulu solidaire et culturel, je quitte enfin Paris en temps et en heure.
    En début de cette matinée je prends la route avec ma veille voiture pour le sud de la France. Je descends à Marseille, je déposerai chez mes parents qui vivent là, le peu d’affaires qu’il me reste. Mes meubles et autres objets de valeurs ayant été vendus afin de financer en partie cette expédition.
   
    Tout le reste tient tout juste dans le coffre arrière de ce petit 4x4. Comme quoi, on fait souvent tout une montagne des choses matérielles. Tout cela à bien peu d’importance en vérité.

    Le soir de mon arrivée, ils sont tous là. Ma sœur Myriam et son mari, mon frère et sa femme Valiha, mon père et bien entendu ma très chère mère. Nous dinons tous ensemble puis je vais me coucher sans tarder. Le trajet en voiture de Paris à Marseille m’aura épuisé et demain sera pour moi le début d’un très long voyage en train.
    C’est ainsi que tôt le lendemain matin, je dis au revoir à toute ma famille. Hier j’ai quitté mon appartement et tout ce qui a fait ma vie pendant trente ans. C’est pourtant là, en quittant les miens que je prends conscience de ce qui n’était encore qu’une sensation sourde, tout juste désagréable.
Aujourd’hui, je prends pleinement conscience de ce que je décrirais comme un sentiment de perte, une légère déchirure dans la continuité bien ordonnée de ce qui fut jusqu’à ce jour mon quotidien. C’est un sentiment étrange par son intensité. C’est comme de se réveiller le matin d’une rupture amoureuse : on sait qu’on ne reverra plus l’être autrefois aimé. Plus encore, aucun doute ne subsiste sur le fait qu’une partie de notre conscience, une partie de ses rêves, de ses joies, une partie de ses espoirs ne vivra plus jamais. Mais après tout, choisir n’est-ce pas toujours mourir un peu ?

    En neuropsychologie, certaines théories parlent de micro-consciences multiples qui entrent en concurrence afin de donner corps à cet ensemble de phénomènes que nous appelons « être humain ». Aujourd’hui, qui peut dire quelle conscience de moi prendra le leadership de mon être demain ? Du point de vue de la partie la plus déterminée de moi-même, cela semble n’avoir aucune importance en soi. J’aime à penser que je saurais être un adepte du système D, que je ferais avec ce que le destin me mettre sous la main.
Aujourd’hui plus qu’aucun autre jour, ce qui compte véritablement c’est de savoir que qu’un individu tel que moi à pu fomenter un tel projet à la face de la fatalité. Le fait d’être sur la route de l’Europe centrale, en temps et en heure, est déjà pour moi une victoire en soi.

    C’est dans cet état d’esprit que le lendemain, je prends le train depuis Marseille vers le nord de l’Italie. Je fais une courte escale à Milan. Le train arrive à minuit, les hôtels sont tous bondés : c’est la « fashion week » me dit-on.
Un des concierges des hôtels visités, honnête jusqu’au bout des ongles et soucieux de mon confort, me propose une chambre à deux cent euros la nuit ! « Vous pouvez tourner deux heure ! Vous ne trouverez rien de libre ce soir ». Je le remercie poliment, il semble stupéfait de me voir tourner les talons aussi sec. Après près d’une heure de marche et de porte à porte, mes deux sacs sur le dos l’autre sur le torse, je finis par trouver une chambre à un prix disons négocié.
    Le lendemain je prends le train pour Venise (que je connais déjà), puis un autre train pour Verrach : une ville de l’est de l’Autriche située aux portes de l’Europe centrale. Je dois y faire une énième correspondance, afin de rejoindre ma destination finale de ce jour : la Slovénie.
    Alors bien entendu, comme les trains sont toujours monstrueusement en retard et les autrichiens (leurs trains) toujours à l’heure, nous sommes plusieurs à faire la correspondance en courant. Nous montons dans le train pour Ljubljana alors qu’il est déjà en marche, ouf ! C’était juste.

    Dans ce petit train transalpin, un grand nombre des voyageurs sont des écoliers et des lycéens qui descendent de leu village afin d’étudier dans la vallée. Le train se vide par conséquent très rapidement de presque tous ces passagers. Nous ne sommes qu’une poignée à rejoindre finalement la capitale slovène, après deux changements de train et huit heures de transport qui furent somme toute convenable. En plus d’être selon moi le moyen idéal pour aller à la rencontre des habitant d’un pays, le train à cela d’agréable qu’il permet de lire, d’écrire, d’admirer le paysage et de réfléchir à l’existence en toute quiétude.
    Je ne peux transmettre ici toutes ces sensations qu’ont provoquées en moi cette douce lumière de fin de journée en montagne, toutes ces odeurs d’herbe fraiche qui pénètrent la cabine par le biais de l’aération, la vue de ces forêts verdoyant entre les flancs de ces montagnes au milieu desquels serpentent notre train. Il y a toutefois une chose que je peux dire : après ces longs mois de travail acharnés, cela fait beaucoup de bien !







  L'Europe centrale

    La Slovénie est telle une vaste plaine vallonnée, parcourue à perte de vue par des forêts et jalonnée de-ci de-là par des champs cultivés, de modestes hameaux. Par bien des aspects, ce pays me fait penser à la contrée des Hobbites décrites par J.R. Tolkien dans son mythique seigneur des anneaux.
    Ljubljana la capitale, dont on prétend qu’elle fut fondée autrefois par Jason et ses argonautes, possède tous les artifices d’une ville lilliputienne : château de compte de fée surplombe le centre ville du haut de sa colline boisée,  rues pavées en pierre roses, fontaines baroques fraichement rénovées, ainsi que de nombreux et minuscules ponts chichement éclairés. Je m’attarde vingt-quatre heures à Ljubljana à découvrir la ville, ses musées, ses vastes terrasses de cafés souvent au bord de la rivière Ljubljanica (eh oui, un nom pareil cela ne s’invente pas).

    C’est donc après deux bonnes nuits réparatrices dans une auberge bon marché, pourtant au pied de la colline du château, que je reprends de nouveau les rails, cette fois pour m’enfoncer franchement au cœur de l’Europe centrale. Vingt-quatre heures de train, à faire d’une traite, me séparent de la capitale roumaine. Bucarest est la première véritable étape de mon périple à la rencontre des enfants affectés ou infectés par le Sida.
    Le vendredi 29 septembre 2008 je me lève à six heures trente du matin. Je prends le train de sept heure quarante pour Bucarest. C’est la première fois de ma vie que je reste enfermé si longtemps dans un train !
    A mon réveil le lendemain matin, je découvre du bord de ma couchette un nord de la Roumanie en tout point conforme à l’idée que je m’en faisais. Des montagnes noires, des vallées profondes, des précipices sans fonds… ou presque.
    L’arrivée à Bucarest est rude. La gare est ses alentours sont brutes de décoffrage, des bâtisses tout en angle et en ligne droite. Une splendide architecture érigée à la plus grande gloire du communisme. Mais à deux rues à peine de là, il est possible de découvrir le véritable visage de cette ville. Finalement, je me plais beaucoup ici ! Cette ville me rappel nettement cette Alger la blanche où j’ai passée la plus grande partie des vacances de mon enfance.

    En effet, les vieux quartiers de Bucarest sont un assemblement harmonieux de petites maisons individuelles datant du dix-neuvième siècle : des mûrs enduits de couleurs chaudes, des toitures en tuiles à l’ancienne, des encorbellements raffinés. Pour peu qu’on face abstraction de l’état médiocre de la voirie, on peut aisément imaginer la douceur de vivre qu’on du connaitre les bucarestois, à l’aube du siècle dernier. Il est même possible, au détour d’une des ruelles du quartier historique, de tomber sur une église où se déroule une authentique messe orthodoxe…
     Toutefois, pour apprécier véritablement tout cela il faudrait également feindre de ne pas remarquer les quelques enfants des rues qui jonchent les trottoirs et dorment à même le sol, aux abords directs de la Gara de nord. Ces enfants survivent comme ils peuvent. Ils peuvent potentiellement être soumis à tous les maux que peut infliger une grande ville : violence gratuite, vol, viol, prostitution, drogue et en conséquence de tout cela, au Sida.
 
    C’est la première fois que je suis confronté à cette misère qui à motivé mon périple. Du coup, malgré la fatigue je ne regrette pas d’être venu en train. Je cherchais un hôtel à pieds, lorsque je suis tombé par hasard sur l’un de ces enfants des rues, un adolescent à peine pubère. Je prend pudiquement une photo de lui, glisse quelques Lei près de lui et je poursuis ma route, décidé plus que jamais à contribuer au changement de cet état de fait.


    En rentrant, je mets cette photo en ligne et je montre mon blog à ma logeuse ainsi qu'à ces enfants. Le plus âgés d'entre eux s'écrient : "Eh ! Pourquoi montres-tu ce genre de photos de la Roumanie ! Pourquoi ne pas montrer tous les beaux monuments que nous avons à Bucarest, à Brasow, ou bien encore le palais royale de la belle Siriana ? Tu sais, j'ai vu plus de gens dormir dans la rue en Hongrie qu'en Roumanie..." Effectivement, les clichés ont la dents dure il a raison. Je ne veut  pas tomber dans la caricature. C'est la raison pour laquelle j'ai prévu de travailler autant que possible avec des associations d'expérience. D'autant plus que plusieurs associations roumaines ont très tôt, depuis le début des années quatre-vingt dix, mis tout en oeuvre pour que les enfants dans cette situation déjà dramatique, ne soient plus abandonnés.

    C'est ainsi qu'en Roumanie je suis en contact depuis avant mon départ de Paris, avec l'association ARAS. Cette dernière oeuvre depuis 1992 à la prise en charge de la centaine de millier d'enfants roumains qui furent contaminés à la fin des années quatre-vingt. 100000 enfants contaminés pour la plupart en raison de transfusions sanguines prodiguées avec un sang qui à l'époque n'était pas testé.
    Il est neuf heure du matin lorsque je quittes l'hotel pour rejoindre la maison de ville, tout près du quartier d'affaire qui sert de siège à l'association. Flori, cela veut dire fleure en roumain. C'est donc une jeune femme qui porte son nom comme une fleur, qui m'accueil à l'entrée. Elle me fait patienter en attendant que la personne que je suis sensé rencontré, descende de l’étage. Quelques minutes plus tard, Monica Dan arrive enfin : « nice to meet you » me lance-t-elle avec un grand sourire. L’entretien se fera donc en anglais.

    Nous nous installons dans une salle au fond, près du jardin. Ses collaborateurs nous apportent collations et petits gâteaux secs. Je suis impatient d’entendre tout ce qu’elle a me dire. Rapidement nous entrons dans le vif du sujet. « Ici en Roumanie, me dit-elle, beaucoup d’enfants ont été abandonnés par leur parents par méconnaissance de la maladie. Leurs parents ont pensés que leurs enfants séropositifs seraient de fait déficient mental ou handicapés moteurs. D’autres parents bien au contraire, ont couvés et protégés leurs enfants au point de provoquer en eux des phobies sociales totalement injustifiées. Voilà essentiellement, ce à quoi nous avons affaire en Roumanie. »
    Monica me parle également des groupes de paroles durant lesquels les adolescents peuvent parler de tous ce qui les préoccupent : sexualité, contraception, gestion de l’annonce de la maladie, drogues, violences, prostitution. Monica me parle également de ces enfants des rues, dont certains ont été abandonné du fait de leur maladie et qui survivent tant bi
en que mal.


    Le lendemain en fin d'après-midi, je rencontrent ces adolescents (dont certains sont encore à peine des enfants). Nous discutons ensemble jusqu'en début de soirées, ils ont tellement de choses à dire et des tonnes, des tonnes de questions ! Je suis tellement heureux d'être venus jusqu'ici pour les voir. Tellement de choses commencent à  faire sens à leur contact.
    Il y a bien entendu Monica la personne responsable d'eux (la figure de la mère : ils adorent la prendre dans leurs bras), Flori une autre bénévole de ARAS, Ludmila (23 ans), A., P., G. et A. (nous ne citerons pas le nom ni l'âge des plus jeunes qui sont présents). Ludmila est l'une des premières enfants dont s'est occupé l'association ARAS. Elle est impressionante de maturité, elle est en master de journalisme, parle quattre langues dont l'anglais, le français et le russe.        
    Elle me parle de la revue qu'ARAS publie régulièrement depuis le début de l'année 2007 : "le plus important pour notre modeste revue, me dit-elle dans un anglais impeccable, c'est que chacun ai pu dire ce qu'il avait sur le coeur. D'ailleurs, nous n'avons pas changé beaucoup la façon qu'il ont eut de s'exprimer. Nous avons voulu publier leurs propos tels qu'ils les ont formulés". en entendant Ludmila me parler de tout cela, je suis tellement heureux d'avoir eu la chance d'organiser un tel projet. Cette aventure qui commence à peine m'aura permis dès à présent de m'apercevoir combien il essentiel de mon point de vue d'avancer confiant, la tête haute dans l'existence. Cette Ludmila ira sans doute tres loin dans la vie !

    Gabi, l'autre adolescent le plus âgé du groupe qui est présent aujourd'hui, me confie combien il aimerais un jour lui aussi entreprendre ce genre de projet  : " Bravo pour ton projet, un jour j'aimerais moi aussi voyager comme toi mais en à travers la Roumanie, afin de montrer aux enfants du sida qui ne sont pas dans une grande ville, qu'ils ne sont pas seuls". Gabi me montrent également le genre de création artistiques qu'ils ont réalisé en atelier. Ils semblent particulièrement doués pour tout ce qui touche à l'expression artistique : ils ont rajoutés des photos, de très belles photos vraiment très bien cadrées, bien équilibrées, où ils se sont mis en scène (que l'on ne peut pas montrer en ligne, afin de respecter leur vie privée). Des photos auxquelles ils ont ajoutés des poèmes afin d'exprimer tout simplement leur peines, leurs espoirs, leurs souffrances morales qui leur imposées par la société, incommensurablement plus forte que cette souffrance physique, que leur impose la maladie.
Des poèmes tels que celui-ci (qui sera bientôt traduit en français).

   Ils se proposent finalement de participer à cette aventure du tour du monde. Ils veulent  apporter leur contribution sous forme de dessins, de peintures, de montages photos et de patchworks sur toile de jute (2x1 mètre) tels que celux-là qui seront exposées à Paris puis vendues aux enchères (chaque toile de patchwork porte le nom d'un enfant décédé des suite de la maladie, au tout début de la pandémie de Sida). C'est ainsi qu'e je leur confie des appreils photos jetables ainsi qu'une caméra vidéo ultra-portable.
    Le dessin du centre représente des enfants du monde entier qui se donnent la main. Ils me montrent également des les "patchworks" qu'ils ont réalisés avec l'aide d'une artiste roumaine, Honga..

    Alexandre le plus jeune, réalise à main levé un portrait "tout à fait ressemblant" de moi (lol). Ludmila me montre fièrement la revue désormais publiée par ARAS depuis le début de l'année. Une revue pour laquelle sa formation de journaliste est très utile. Je finis par leur offrir les dessins que les enfants de Nanterre et de Montigny-le-Bretonneux m'ont confiés pour eux.  

    Puis nous palons de tout et de rien. L'atmosphère se détend autour d'un thé. De fil en aiguille nous en venons à parler d'une jeune fille de 14ans prostituée, séropositive et mère-fille, dénoncée par les médias locaux afin que les "pauvres hommes qui l'ont connus" fassent un test du sida. Ludmila et Gabi, les deux enfants les plus agés dont s'occupe l'association, sont déterminés à la défendre en attaquant la presse en justice, avec l'aide d'avocats bénévolent qui les conseillent. Le roumain est une langue latine tres proche du francais. Je devinnes ce que dit Gabi avant que Ludmila ne me le traduise.
    Je me fais la reflexion qu'il est merveilleux de constater que la relève est en marche ! Cette génération elle non plus, n'est pas prête à succomber à la discrimination et la mort sociale qu'impose encore trop souvent le Sida. Aujourd'hui, ce genre de drame ne se produit presque plus en Roumanie. En particulier grâce aux efforts sans relâche des bénévoles de ARAS. Aussi en raison de la gratuité de l'accès aux soins ARV (antirétroviraux) pour toute personne séropositive. Une gratuité de l'accès aux soins que nous aimerions voir appliquée dans tous les pays, en particulier pour les orphelins et les enfants en général, qui par définition ne peuvent de toute façon pas réunir l'argent nécessaire à l'acaht d'un traitement qui coûte par mois et par personne près de mille euros (signer la pétition ici).





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